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RCCC - Régiment Colonial de Chasseurs de Chars

Qui sont les Evadés de France ? Le Général de Lattre de Tassigny (Evadé lui même) a dit dans la préface de l’ouvrage sur le Régiment Colonial de Chasseurs de Chars « La Coloniale au Combat »
« J’envoyais de nombreux jeunes évadés grossir leurs rangs »
Ce sont des hommes et des femmes de tous âges : prisonniers évadés d’Allemagne, officiers, sous-officiers, militaires cherchant à reprendre le combat, résistants ou maquisards, juifs, réfractaires au S.T.O (Service du Travail Obligatoire), pourchassés et traqués par la Police de Vichy et la Milice, ouvriers, paysans, étudiants, patriotes, abandonnant tout : travail, domicile, parents et amis tous volontaires pour libérer la Patrie. Partis de tous les coins de France, l’immense majorité d’entre eux est âgée de 18 à 24ans avec aussi des moins de 18 ans qui se vieilliront pour pouvoir s’engager.
Le Capitaine Philippe de Hauteclocque (futur Général Leclerc) dés juillet 1940, via l’Espagne et le Portugal est un des premiers à rejoindre le Général de Gaulle à Londres .
La traversée des Pyrénées commence dès 1940, mais c’est à partir de novembre 1942, après le débarquement des troupes alliées en Afrique du Nord et l’invasion de la France entière par les troupes allemandes, que le rythme des passages et les périls encourus s’intensifient. La zone frontière, devenue zone interdite dans sa totalité, est sillonnée sans cesse par les patrouilles allemandes. Dans certains Poste –frontière après avoir interné les Evadés, les espagnols les ont remis aux autorités allemandes. Des agents doubles se sont infiltrés parmi les passeurs, les embuscades en montagne se soldent chaque fois par la mort et la déportation en Allemagne. Des guides, dénoncés par de faux évadés (collabos ou miliciens en civil) sont arrêtes, déportés eux aussi : certains d’entre eux en guidant leur dernier convoi restent en Espagne et deviennent eux aussi des Evadés. Malgré la vigilance des patrouilles allemandes et leurs redoutable chiens policiers, des gendarmes, douaniers allemands, gardes- mobiles, G M R, miliciens et leurs protecteurs puissants, les contrôles dans les trains et sur les routes, entrainant des arrestations massives , bon nombre de passages réussiront, mais beaucoup trop de téméraires mal équipés, en chaussures de ville ,accidentés en montagne, abattus où déportés auront payé de leur vie le rêve qu’ils avaient fait.
Pour combler les pertes importantes sur les champs de batailles, tous les Allemands en âges d’être mobilisés sont placés sur les différents fronts de guerre. Dès le début 1942, pour accentuer son effort de guerre le Reich commence à manquer de main-d’œuvre.
En France, le gouvernement de Vichy, par la main de Pierre Laval, signe le 4 septembre1942 la loi d’orientation pour la main-d’œuvre : ce sont près de 140 000 ouvriers et ouvrières qui partent travailler en Allemagne attirés par les promesses alléchantes de l’ennemi avec de hauts salaires.
Le 11 novembre 1942 en violation des accords de l’armistice de 1940, la Wehrmacht a envahi la zone libre ; alors qu’il tentait de s’opposer, il sera beaucoup question d’arrêter le Général de Lattre, et pas du tout d’arrêter les Allemands. Le Général de Lattre sera jeté en prison.
Au 31 décembre, 239 560 ouvriers, volontaires et requis mêlés, sont partis.
Pourquoi les Evadés sont-ils encore plus nombreux au printemps 1943 ?
Le 16 février 1943 c’est la loi du Service Obligatoire du Travail, le S.T.O d’une durée de 2 ans qui s’applique à tous les jeunes gens de 20 à 23 ans. Nul n’a le droit de se soustraire à la loi, sous peine de prison et de forte amende, de poursuite dans la famille, et même de déportation. 250 000 ouvriers nouveaux vont partir travailler en Allemagne, ils sont 670 000 en août 1943, et 723 000 en juillet 1944.
Le maréchal Pétain s’adresse au STO le 4 avril 1943 : « Manifestez dans vos gestes, dans vos paroles, par la qualité de votre travail, par votre esprit d’initiative, le génie de votre race. Ma pensée ne vous quitte pas sur le chemin de votre dépaysement(…) Faites que je sois fier de vous »
Personne n’a obligé le glorieux chef, qui sur le front de Verdun en 1917 faisait fusiller les lâches qui refusaient de se battre et qui maintenant fait arrêter et déporter les S T O rebelles, à inciter dans ce discours les S T O à bien fabriquer les tanks, les avions, les bombes, les obus, les mines, et les balles que les Allemands déverseront sur les Libérateurs, mais également les lance-flammes et la mitraille employés pour massacrer et bruler nos gosses à Oradour ou ailleurs...
Pour notre « Sauveur » de 1940 voila ce que signifiait « C’est volontairement que j’entre dans la voie de la Collaboration » et pour son premier Ministre, « Je souhaite la victoire de l’Allemagne ».
De compromission en compromission, on sait comment tout cela finira.
Contrairement à cette multitude de lâches qui n’ont pas eu le courage de résister à un ordre de réquisition ou qui sont partis volontaires en chantant, touchant primes et salaires pendant que les autres se battaient, les Evadés de France qui sacrifièrent leur vie pour l’Honneur du Pays ont inspiré cette citation : « Tous avaient voulu la périlleuse aventure du passage des Pyrénées pour l’Honneur de Servir. » Général de Lattre de Tassigny.
Après le passage de la frontière en Espagne sans passeport, c’est une amère désillusion qui s’abat sur les Evadés qui ont réussi et pensent avoir conquis une amorce de liberté et de réussite : ils sont arrêtés en masse en Espagne. Les Franquiste qui ont gagné la guerre d’Espagne en 1939 grâce à l’aide des troupes allemandes d’Hitler (Légion Condor) et Italiennes de Mussolini (4 divisions) ont envoyé la Division- Azul (bleue) pour se battre avec les Allemands sur le front de l’est. Pour eux, l’Evadé est considéré et traité comme un terroriste : menottes au poignet, on le traîne de prison en prison, on l’entasse à 12 dans des cellules qui ne sont prévues que pour 1 ou 2 prisonniers, sans couchage ni couverture, dormant à même le ciment dans le froid ou la chaleur torride des étés espagnols, sous alimenté, perdant plusieurs kilos. La vermine partout présente dissémine un éventail largement ouvert de maladies infectieuses. La dysenterie devient célèbre sous le nom de « mirandite » (camp de concentration de Miranda). L’incarcération peut durer plusieurs mois ; 130 évadés y mourront de mauvais traitements.
Cependant, Stalingrad tombe le 2 février 43 : on ne refoule plus à la frontière et l’Espagne qui sent tourner le vent de la guerre devient peu à peu perméable à l’idée d’un élargissement des prisonniers. Prenant le relais de l’Ambassade de Grande-Bretagne, les services de la Croix Rouge de Madrid, dirigés par Monseigneur Boyer-Mas, s’emploient au transit des évadés.
Echangés contre du blé, des phosphates et des matériels divers dont l’Espagne a besoin, les Evadés de France vont êtres regroupés en convois. Par le Portugal d’abord, Malaga, Algésiras et Gibralta ensuite, ils sont acheminés vers Londres, et surtout Casablanca, par deux vieux cargos dont la silhouette demeure chère à leur cœur : le « Gouverneur Général Lépine » et le « Sidi Brahim ». Sous escorte de navires de guerre dont certains sont français règne à bord le recueillement d’une liberté retrouvée car au dessus d’eux flotte le pavillon national.

23 000 d’entre eux s’engagent aussitôt dans les Forces Françaises qui, réorganisées, dotées de matériel moderne, ré entraînées de façon intensive, vont devenir les Armées de la Libération. Leur courage, leur foi en l’avenir et leur jeunesse enthousiaste donnent une nouvelle force aux unités d’élite qu’ils choisissent :
• Corps expéditionnaire en Italie du Général Juin
• Armée de Lattre, Division Leclerc 2eme D B (40%)
• Première Division Française Libre
• Parachutistes
• Aviation
• Marine
• Services spéciaux
• La presque totalité du Bataillon de choc et des Commandos
Le 8 mai 1945, lorsque l’Allemagne capitule, le but ultime est atteint mais terrible est aussi l’impôt du sang : 9 500 d’entre eux ont donné leur vie lors des combat de la Libération.
Les Evadés de France, oubliés des historiens parce que peu nombreux, n’en furent pas moins le fer de lance de l’Armée Française, retrouvée et victorieuse aux coté des Alliés.
Peu d’anciens combattants auront payé un aussi lourd tribut à l’Histoire de France.

Lire la suite > "De l’usine au R M I C de l’A O F"


Cancé Raymond
Ancien du 3e Escadron Capitaine Maurel 1e Peloton Lieutenant Roussel

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