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RCCC - Régiment Colonial de Chasseurs de Chars

Début janvier 1940, je quitte l’école ou l’on ne fait plus rien : les professeurs mobilisés ont été remplacés par de jeunes (femmes) professeurs qui n’ont aucune autorité .C’est la pagaille ! Je commence pour 3 ans l’apprentissage de mécanicien : dans cette usine d’une centaine d’ouvriers, il y a une fonderie. Au mois de mai, on travaille 10 heures par jour :(pour la défense nationale). Au mois de juin, c’est la débâcle et l’armistice. Nay se trouve en zone libre. N’ayant pas de poste de T S F, je n’ai pas entendu l’appel du Général de Gaulle ; mais j’ai connu, en l’aidant dans son travail : un Anglais, (il voulait faire marcher son auto avec du gaz acétylène) Tommy de 14-18, marié à une française, habitant St Quentin. Mon nouvel ami a un poste radio, il me raconte ce que les Anglais disent à la B B C. Je vais souvent chez lui écouter l’émission : « Les Français parlent aux Français ». Un jour le Général de Gaulle à dit : « J’ai des raisons de croire qu’il y a encore de l’Honneur et de la Gloire pour la France, j’ai des raisons d’affirmer qu’en demeurant présente à la bataille, la France sera présente à la Victoire. » J’aurais bien voulu rejoindre la « France Libre » : mais je suis trop jeune encore.
Au cours de ces deux années 1941 et 1942, ma seule distraction est le scoutisme. Dans ma Patrouille, on ne chante pas « maréchal nous voila… » et « la France enivrée… » etc. Je sais très bien d’où vient la devise : « Travail, Famille, Patrie » de l’Etat Français qui a remplacé la devise de notre République : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Notre chant de Patrouille est : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Quand on me faisait remarquer que ce chant était interdit, nous le chantions plus fort encore. En 1942, après le camp d’été, j’ai arrêté mes activités scoutes.
J’aurai 17 ans le 16 novembre, j’attends cette date avec impatience car je vais pouvoir m’engager dans la marine .Le 8 novembre, les Américains débarquent en A F N. Le 11 novembre, les Allemands envahissent toute la France, le 27 novembre la flotte se saborde à Toulon : je ne serai pas marin.
Dans la France entièrement occupée, la voie est libre à une collaboration poussée à l’extrême.
Dans l’usine, des « agents recruteurs » viennent faire du battage pour inciter les ouvriers à partir travailler en Allemagne, en faisant miroiter les hauts salaires et la relève des prisonniers.
Le 16 février, c’est la loi sur le S T O : 2 ans de travail obligatoire en Allemagne pour tous les jeunes de 20 à 23 ans. C’est à cette époque que l’usine commence à travailler pour les Allemands. A la fonderie on coule des pièces pour fabriquer des petits tours pour les camions de dépannage. Je travaille sur une grande fraiseuse : lorsqu’on amène au pied de ma machine le premier ban de tour pour l’usiner, Je refuse de faire ce travail. Mon chef d’équipe (qui partira un peu plus tard volontaire) averti le fils du patron qui vient me dire : « Tu ne veux pas travailler pour les Allemands ? Tout le monde travaille pour les Allemands ! Je vais te mettre sur la liste à la place d’un autre qui sera bien contant de travailler ici ».Je quitte l’usine immédiatement. Malgré que je n’aie pas 18 ans pour être requis sur place, et bien que je sois très ami avec ses neveux, il m’a dénoncé.
Alors que je travaillais dans une coupe de bois, quelques jours plus tard, je reçois une convocation qui stipule que je dois me présenter (ou à défaut mon père) a la préfecture de Pau pour donner la raison de mon absence à l’usine .J’ai brulé la lettre, je n’ai rien dit à mon père et recommandé le silence à ma mère.
Pour Pâques, avec deux camarades scouts, nous essayons de passer en Espagne. Pris dans une très forte tempête de neige, nous avons beaucoup de peine pour retrouver le chemin du retour.
Au cas où ma convocation à la préfecture aurait des suites, je me cache un peu mieux dans une ferme en attendant la belle saison. Il y a déjà caché dans cette ferme un basque d’Ostabat réfractaire au S T O. Imprudent, il fricote avec une cousine qu’il a dans les environs, elle lui donne le tabac qu’elle touche pour son mari prisonnier, mais en même temps, il en fréquente une autre. Par jalousie elle le dénoncera…
Le 10 juillet à l’aube, entendant une conversation dans la cuisine, je me fais cueillir au pied de l’escalier par un G M R dissimulé dans l’obscurité. Il me pose la question : « C’est vous Jean S… ? »
Il y a un autre G M R et deux gendarmes qui regardent les papiers du patron (blessures, citation, Médaille Militaire de 14-18). M’adressant à l’un des gendarmes que je connais bien je lui dis :
« Monsieur L…. on me demande si je suis Jean S… vous me connaissez vous ?
- Bien sur, que fais tu la ?
- Je suis malade de la poitrine, le docteur m’a ordonné du repos à la campagne et une meilleure nourriture ». Le G M R, me croyant malade, fait deux pas en arrière. Ce n’est pas moi qu’ils cherchent, et comme le gendarme me connait, ça n’ira pas plus loin. Jean, qui ne se méfie pas, descend à son tour : il est arrêté, menotté et embarqué en side-car.

Par la montagne
Ce 10 juillet est le jour du débarquement des Américains en Sicile : le soir même à minuit, avec deux camarades réfractaires au S T O, je quitte NAY (situé à 17 km de PAU et 22 km de LOURDES)
En évitant la route et les ponts gardés par les Allemands, via ASSON, ARTHEZ-d’ASSON, FERRIERES, ARBEOST, en zone interdite à l’aide d’une carte et d’une boussole, direction sud, nous traversons la D 918 entre le Col d’Aubisque et le Col du Soulor. Le 14 juillet, dans le brouillard, nous grimpons le Gabizos (une bonne partie à quatre pattes tellement c’est pentu). Nous sortons d’une splendide mer de nuage : un vrai tapis de ouate d’où émergent des pics dans le lointain, à nos pieds et en quantité, de magnifiques édelweiss. Le sommet sur notre gauche culmine à 2.639 mètres.
Après des descentes et des montés, col d’Uzious, lac de Migouelou, et autre contournement à des altitudes qui dépassant les 2.500 mètres (où nous avons même surpris quelques isards qui ont disparu comme des éclairs), nous parvenons dans la soirée du 4eme jour sur les hauteurs qui dominent le lac d’Artouste (terminal du petit train le plus haut d’Europe, 2.000 mètres).En face, nous distinguons une patrouille allemande avec un chien qui redescend et réintègre le refuge sur la droite.
D’après la forme du lac et la position du refuge sur ma carte, je sais que lorsque nous aurons franchi cette montagne en face, nous serons en Espagne sur l’autre versant. Malgré la fatigue (l’un de mes deux camarades ne suit pas bien, il nous fait perdre du temps), nous contournons dans la nuit le lac d’Artouste par la gauche, faisons cette ultime montée et redescendons dans la caillasse, les éboulis de pierres, assez loin coté espagnol pour ne pas être surpris par une patrouille.
Le 16 juillet, en suivant le Rio Aguas Limpias qui conduit au premier village espagnol, nous sommes intrigués par des caravanes de mulets qui montent les matériaux pour construire un barrage.
Un muletier qui redescend à vide avec 4 mulets, l’un attaché à la queue de l’autre, nous donne à boire avec sa gourde. Il charge sur une bête mon camarade très fatigué ; il n’a plus de fond de culotte.
Avant de nous quitter, il nous indique ou se trouvent les carabinieros, et nous conseille de ne pas essayer de passer : « Plus vous irez loin, plus vous ferez de prison ». Nous suivons son conseil.
Le premier carabiniero que je vois est assis au pied d’un arbre, il lit un livre, en tenue verte avec une casquette comme les Allemands, mais il est chaussé d’espadrilles. Lorsque j’avance vers lui, il ferme son livre le met dans sa poche, se lève tranquillement vient vers moi et me dit :
« Es francés ?
- si señor.
- teneis armas ?
- no señor.
- venga”.
Il en appelle un autre qui est en train de pécher. Ce carabiniero qui n’a pas d’arme marche longtemps devant nous, il ne dit rien. A l’entrée de Sallent, il nous fait signe de nous assoir sur un petit mur de pierre sèches et d’attendre. Au bout d’un temps interminable pour nous, il revient avec un fusil, l’arme à la bretelle, et nous conduit dans une maison (peut-être chez lui) ou une femme a préparé une grande soupière de soupe faite avec du lait des pommes de terre et du pain. C’est une aubaine pour nous qui n’avons rien mangé de chaud depuis 6 jours. Je lui donne pour seul paiement tous les edelweiss que j’avais ramassés au Gabizos. Elle m’en rend un en me souhaitant bonne chance.
Par cet accueil inattendu nous savons que tous les Espagnols ne sont pas franquistes !
Le carabiniero avec son fusil à l’épaule nous conduit au poste de Police : nous devons vider nos poches sur le bureau du chef. Nos seuls papiers c’est ma carte de scout de France : à la traduction il est dit : « c’est bon ». La deuxième chance pour nous, c’est lorsque Lucien sort de sa poche quatre médailles de Lourdes : le chef veut lui en acheter une (il a une grande dévotion pour la Vierge et ira à Lourdes après la guerre). Après tractations il lui donne une belle médaille bleue émaillée. Le chef lui rend son rasoir-couteau, nous reprenons sur le bureau nos affaires. Il nous fait porter « una comida », un repas et nous permet de prendre une douche : il fait très chaud on ne s’est pas lavé depuis 6 jours. Le soir, après nous avoir fait jurer qu’on ne s’évadera pas, nous couchons dans une grange sur du foin.
Le 17 juillet, sur le toit d’un autocar en compagnie de 9 autre Evadés, nous faisons le voyage de Sallent à la prison de Jaca sous bonne garde.

Par la prison
Dans son bureau, le chef de la prison nous fait vider les poches. Il confisque tout et nous fait fouiller. Nous avons ordre de nous faire raser les cheveux : je n’y vais pas, mais lorsque je me présente en fin de file pour le souper, un gardien m’écarte brutalement en me disant : « cortar el pelo »Si je veux manger je dois me faire tondre. La cour est entourée d’un haut mur, d’ou une sentinelle nous surveille : Devant un grand portrait de Franco, tous en rangs par ordre d’arrivée, le bras tendu, il faut saluer pendant le chant de l’hymne espagnol. Comme je ne tends pas le bras ; je reçois un coup de nerf-de-bœuf derrière le dos, j’ai compris en une fraction de seconde que si je m’entête, je ne servirai plus à rien.
Dans cette prison surpeuplée ou les plus anciens occupent les pièces très encombrées du haut, j’ai pu me recroqueviller dans un coin du palier, au premier étage, devant une porte condamnée où il y avait marqué « Enfermeria », pour ne pas passer les nuits sur les marches d’escalier avec le va-et-vient à la touque, qui servait de latrine. La première nuit, mangé par les punaises, j’ai la figure si enflée que je puis à peine ouvrir les yeux le matin. (Ce n’est que le premier jour après on est vacciné).
Le 18, en plus des cheveux tondus, on m’a fait une piqure contre le typhus qui m’a rendu tellement malade durant 3 jours que j’ai cru finir ma vie devant cette porte d’ «enfermeria » Je n’avais pas la force de me tenir debout ni de m’assoir : tout tournait autour de moi. Au cours de la ronde, pour vérifier si tout le monde est descendu, un des gardiens me donne un coup de pied qui me fait gémir. Il dit à l’autre : « No esta muerto ». Non je ne suis pas encore mort mais presque.
Pas de docteur, pas de soins, totalement abandonné, juste un peu d’eau qu’on me porte le soir pour boire,jJe ne sais pas comment j’ai refait surface… Depuis mon départ j’ai perdu plus de 10 Kg.
Le 25 août, c’est la Fête Nationale : il s’est passé une anecdote gaie. Dans la cour de la prison, tous les prisonniers sont bien en rangs pour la messe obligatoire, c’est un prêtre espagnol qui officie.
Il y a un petit harmonium joué par un organiste qui connait parfaitement la messe et qui fait chanter en latin et en français. Mais, à la première sonnerie et pendant l’élévation, il joue « LA JAVA BLEUE ».
Instinctivement, les deux mains sur le visage, plié en deux (c’est le cas de le dire), nous pouffons de rire. Le chef de la prison a du apprécier la mélodie et notre recueillement car il a laissé l’harmonium à notre organiste qui nous a joué tout l’après-midi des airs de chez nous.
Le 26, nous ne sommes que 12 à être libérés de la prison, nous passons la nuit à l’ «Hôtel de Paris ».
En train, nous arrivons à Madrid le 28. Nous sommes pris en charge par la Croix Rouge calle San Bernardo, et logés 200metres plus loin Pension San António.
Je suis en liberté surveillée, je dois 2 fois par semaine présenter ce papier au commissariat :

Du 28 juillet au 21 septembre, notre séjour à Madrid aurait pu être des vacances de rêve en comparaison à ceux qui croupissent depuis des mois en prison ou à Miranda :
• nous mangeons bien.
• nous passons notre temps à nous promener et à visiter.
• Le jeudi après-midi, nous allons au Lycée Français écouter une émission de la B B C qui nous est destinée.
• Nous touchons 35 pesetas d’argent de poche par semaine.
Mais tout est triste. Les espagnols qui sont dans la misère ne nous aiment pas. Il faut surtout faire attention à la police qui est très nombreuse à Madrid.
L’Italie a capitulé. Ce qui nous hante le plus, c’est de partir avant que la guerre ne se termine sans nous.
Le 22 septembre, je suis convoqué à la gare Delicias, on me donne une carte avec une ficelle à mettre au tour du cou :
« Convoi du 22.9.43 Cancé Raymond Groupe Derain Liste 2 N° 8 »
C’est en convoi de 1.200 Evadés que nous filons au Portugal. Il y a un drapeau tricolore sur la locomotive qui ne cesse de siffler. Les Portugais qui doivent être au courant de notre passage nous font un accueil enthousiaste tout le long du voyage. Dans une gare où nous faisons une longue halte, des Portugais nous portent du vin, des fruits, des gâteaux, des cigarettes etc. Partout on nous fait avec les 2 doigts le ‘V’ de Churchill en criant « Victoria ». C’est la première fois que je voyais ce geste.
A Setubal, nous embarquons sur le Gouverneur Général Lépine tard dans la soirée. En mer, nous sommes escortés par 2 navires de guerre, un anglais et l’autre français. Il y a dans la matinée un lever des couleurs et une Marseillaise assez émouvants : oubliées la milice et la gestapo.
Le 25, nous débarquons à Casablanca. Nous sommes accueillis par une Musique militaire, un piquet qui nous présente les armes, des femmes en uniforme, et le Général Desré qui nous fait un discours. Nous sommes conduits à la caserne Malakoff où, après bien des interrogatoires dans plusieurs bureaux, je m’engage le 30 septembre pour la durée de la guerre p/c du 16 juillet au titre du R I C M. Je connais bien l’histoire de ce Régiment qui est le Premier de France, je suis sur que là je ferai la guerre.

Arrivée à Rabat
Le 3 octobre lorsque j’arrive au camp Garnier à Rabat, j’ai une grande désillusion : le R I C M, qui est devenu Régiment de Reconnaissance, a laissé une partie de son effectif au Dépôt de guerre (Le dernier détachement avec le drapeau partira le 11 octobre).
Je suis affecté au Dépôt de Guerre du R I C M. Comme Je n’ai pas triché sur mon âge, on me fait remarquer que je n’ai pas 18 ans ; mais je ne peux pas attendre Jusqu’au 16 novembre devant la caserne, mon engagement a été signé a Casablanca. Je croyais tant intégrer le R I C M que je suis déboussolé ; il va falloir que j’attende qu’il y ait des morts pour pouvoir me battre
Dans cette compagnie C I P d’instruction de passage, je ne me souviens pas d’avoir fait quelque chose d’intéressant. Nous sommes habillés avec la tenue de drap française et les bandes molletières, avec comme arme de vieux fusils Lebel et des 86-93 avec la grande baïonnette .Dans le groupe des Evadés avec lequel je suis arrivé, il y a eu chaque matin des manquant à l’appel. Ils ont rejoint des régiments déjà armés et équipés par les Américains qui recrutent pour se compléter.
Pour ma part je veux aller au R I C M : J’ai confiance en celui qui n’a pas cessé le combat.
Fin octobre, sur les rangs, un officier (on en voit rarement) vient distribuer aux Evadés la lettre de félicitation du Général Giraud, Commandant en Chef Civil et Militaire. Les lettres des absents seront déchirées sur place.

Le 1er novembre, le D G du R I C M devient le C O C A B = Centre Organisation Coloniale Arme Blindée. Pour nous ça ne change pas grand-chose, sauf que les Evadés qui nous rejoignent a chaque
convoi restent. Dans notre groupe d’Evadés, il y a 3 séminaristes évadés du séminaire de Nancy
pour ne pas partir en Allemagne .L’un d’entre eux, René Schang, a une très forte personnalité. Il ne peut pas supporter les reflections désobligeantes et les insultes du caporal chef chargé de notre instruction .Le caporal chef T…, marié, habitant en ville, pétainiste, qui n’a pas envie de faire la guerre, dépasse vraiment les limites du supportable.
Au début de janvier, René Schang réunit les Evadés et nous dit : « Le Général de Lattre est arrivé, c’est lui le chef maintenant . Si nous ne faisons rien ,nous allons croupir ici jusqu'à la fin de la guerre commandés par des c… . J’ai écrit une lettre au Général de Lattre (il nous lit la lettre), qui veut la signer ? »tout le monde signe,devant et derriere. Je ne me souviens pas au mot à mot ce qu’il a ecrit, mais il a écrit :
« Nous n’avons pas traversé la France occupée, traversé les Pyrénées, crevé defaim dans les prisons espagnoles, pour venir creuser des tranchées le matin et les boucher le soir, en se faisant traiter de C….. molles ! Mon Général nous sommes venus ici pour nous battre, pour libérer la France le plus vite possible Nenous abandonnez pas : Donnez nous de la poudre et des balles. »
Il y a parmi nous un Evadé qui se nomme D’Artois (un noble qui veut être officier) qui a une tante amie avec le Général de lattre. Il la charge de faire passer la lettre.
Le 13 janvier au soir, après l’extintion des feux, le clairon sonne dans le Camp Garnier. Le clairon ne cesse pas de sonner pour le caporal, le sergent, l’adjudant et l’officier de semaine. La lumière est allumée dans la chambrée : « habillez vous, pas de gymnastique, à la salle d’Honneur du R I C M ».
Le Général de Lattre de Tassigny s’est présenté au poste de garde, la sentinelle pétrifiée n’a pas présenté les armes. Le chef de poste, déchaussé, n’ était pas en tenue ; on n’a pas répondu au clairon.
Je suis dans la Salle d’Honneur du R I C M ,il n’y a pas le Drapeau mais il y a accrochés au mur les tableaux des 10 Citaions. C’est une grande salle, il n’y a pas de meuble.

Nous sommes alignés sur plusieurs rangs ; curieusement derrière nous il y a des officiers, et devant nous l’Aspirant Candy, notre chef qu’on ne voyait jamais. Par la porte en face, le Général de Lattre entre. Il est suivi du Commandant Farcey qui a le calot mis devant derrière. Il ya 2 autres officiers avec eux :voyant le commandant ridiculisé, on n’a même pas envie de rire.
Le Général s’avance vers Candy et lui dit :
« Que faites vous là ?
- Je suis devant mes hommes.
- Quel est votre grade ?
- Je suis Aspirant.
- Ou sont vos galons ? »
Il montre un petit bout de liseré
« Ce ne sont pas des galons réglementaires.
- Mon Général on n’en trouve plus.
- Eh bien vous en trouverez.

Il sort la lettre de Schang de sa poche l ’ouvre, et en nous regardant demande :
« Quel est celui qui a écrit ça ? »
Notre ami Schang sort des rangs, fait 2 pas en avant, se met au garde-a-vous et répond :
« C’est moi mon Général.
-Vous êtes passé par la voie hierarchique ?
-Vous savez très bien mon Général que par la voie hierarchique vous n’auriez jamais reçu notre lettre
- Bien sur. »
Le Général est surpris par la réplique et l’assurance de Schang, il remet la lettre dans sa poche et nous parle pendant un grand moment. Il sait parfaitement ce qu’il se passe en France,il sait combien il y a encore de Français en prison en Espagne ,il connait tous les dangers encourus, et finalement il nous remercie preque d’avoir eu recours a lui.
« Je sais que vous êtes tous volontaires, personne ne vous a obligés a venir ici. Je vous promet que vous serez parmi les premiers à vous battre. »
Nous avons regagné nos chambrées, nous n’avons pas assisté à la prise d’arme matinale du R M I C de l’A O F (contrairement à ce qui est dit trop souvent), nous n’appartenions pas encore à cette unité.
Le 16 janvier, je suis muté au R M I C de l’ A O F. Je rejoins le 3eme Escadron du Capitaine Maurel.


Lire la suite > "De Rabat à Ajaccio"


Cancé Raymond
Ancien du 3e Escadron Capitaine Maurel 1e Peloton Lieutenant Roussel

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Remarques

Créée par DALAT (Administrateur) 1 mars 2009 at 23:14. Dernière mise à jour par : DALAT (Administrateur) 25 févr..

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    Marche du RCCC chantée par des Anciens du 3eme Escadron en 1984

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