Un heros d'Indochine, Le Capitaine Roussel de l'Infanterie Coloniale ( promotion amitié franco-britannique) Préface du Général Valluy - biographie par le Colonel Maurel et M. Jean VALENTIN - Editions ALBI 1952)
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A Saint-Grégoire, le 7 octobre 1921 naissait Jean-Marie ROUSSEL « dans une de ces solides familles paysannes pour qui le travail de la terre constitue la plus authentique source de noblesse ».
Remarqué dès l’école du village, son curé lui donne des leçons de latin et d’anglais afin que ses parents puissent faire le sacrifice de l’envoyer à l’Institution Saint-Etienne de Valence dont la renommée de serieux et de rigueur s’étendait à tout le département.
Entré en 5e il passe directement en 3e et terminera parmi les premiers en 1938 avec ses deux baccalauréats de philosophie et de mathématiques élémentaires. Il a à peine 17 ans.
Apres une année seulement de préparation, faite au lycée de Toulouse, il est admis à l’école militaire de Saint-Cyr en septembre 1939, quelques jours après le début de la guerre. Ayant choisi la spécialité des chars, il rejoint un bataillon de chars juste avant l’attaque allemande. Son unité couvre Paris et, étant assimilée à la garde mobile, conserve sa liberté. Après l’Armistice, les officiers sont renvoyés en zone non-occupée. Au printemps 1941, sa promotion est regroupée à Aix en Provence pour un complément d’instruction de quatre mois.
Les chars ayant été supprimés, il choisit la coloniale et est envoyé en A.O.F. dans un régiment de tirailleurs sénégalais. Là, détaché avec sa section à la garde du terrain d’aviation de Tamba Counda, il se trouve à 20 ans seul Européen au milieu des Noirs « Pourtant pas de cafard ; ça trempe un caractère… et puis, on a le temps de réfléchir ; l’isolement permet la réflexion, l’étude et la médiation » écrit-il à ses parents.
Il occupe ses loisirs à la lecture : « Le voyage du Centurion » de Psichari, « La vie de Lyautey » de Maurois, « L’homme cet inconnu » du Dr Carrel, « Terre des hommes » de Saint-Exupéry. Il apprend aussi l’allemand en pensant aux batailles futures. Par la suite il occupe d’autres postes en Mauritanie.
Après le débarquement des Américains, en novembre 1942, en A.F.N., le lieutenant Roussel est affecté à la compagnie de chars légers d’une unité qui deviendra en peu de temps le R.C.C.C. de la 9e D.I.C. 1943-1944 seront des périodes d’instruction avec le matériel américain, au Maroc, en Algérie puis en Corse.
Le 19 août 1944, c’est le débarquement près de Fréjus, les premiers combats et puis la laborieuse prise de Toulon : première citation à l’ordre de l’armée.
Le lieutenant Roussel adopte la tactique qu’il appliquera constamment jusqu’à la fin de la campagne : reconnaissance à pied du terrain, repérage des objectifs et des emplacements de tir, après quoi il appelle ses chars qui entrent en action sans délai, tout ça d’un œil sûr et au mépris du risque.
C’est ensuite la montée vers l’Alsace par la route Napoléon, Grenoble, Pontarlier, les combats, sous la pluie et le froid, de la boucle du Doubs, de Dampierre d’Uberstrass-Friessen (2e citation à l’ordre de l’Armée) . Prise de l’usine de Kembs (3e citation à l’ordre de l’armée). Combats de Mulhouse à Chalampé : l’Alsace est libérée.
Le lieutenant Roussel est promu Capitaine à compter du 25 janvier 1945, il a 23 ans ½ , il est le plus jeune capitaine de France. Le 7 avril, lui est remise la croix de chevalier de la Légion d’Honneur par le Général de Gaulle sur le sol allemand. Octobre 1945 : c’est le départ volontaire vers l’Indochine, la Cochinchine d’abord, puis le Tonkin à Haïphong face au Viet-Minh. C’est le « modus vivendi jusqu’à la rupture de 20 novembre 1946 : combats d’Haïphong.
Le 1er septembre 1947, il cède son commandement mais refuse d’être rapatrié. Il prend en main un commando à Hanoï : instruction puis raids dans la brousse.
Le 20 octobre 1947, le capitaine Roussel est en tête derrière l’éclaireur de pointe, c’est l’embuscade classique, un sniper japonais juché dans un arbre lui tire une balle en pleine poitrine, le médecin ne peut rien. Il meurt dans les bras de l’aumônier le temps de se préparer pour l’éternité, priant et réconfortant ses compagnons. Il avait 26 ans. Il serra enterré le lendemain à Chiem-Hoa, mais sa tombe sera effacée lors du repli général de la région.
Rien ne peut mieux résumer l’homme et le chef qu’il fut que la citation posthume à l’ordre de l’armée.
« Splendide officier dans toute l’acceptation du terme après les campagnes de France et de l’Allemagne (1944-1945), dans lesquelles il s’est montré, au Régiment Colonial de Chasseurs de Chars, un chef incomparable et un guerrier d’une bravoure exceptionnelle, est venu comme volontaire en Indochine avec le régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc. Il est de tous les combats menés en 1946 par le régiment en Cochinchine et à Haïphong au Tonkin. Rapatriable et ayant passé son escadron de chars, a été volontaire pour prendre le commandement de l’escadron Commando du R.C.I.M., est tombé en se portant résolument en avant contre un ennemi fanatique et retranché, dans le village de Lang-Hen (Tonkin) le 20 octobre 1947. Officier aimé de tous ses chefs et admiré de ses hommes, véritable héros dont le nom restera dans la Coloniale ».
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