Volkersbach (Allemagne) – 10 avril 1945

[DALAT (Administrateur)]

Volkersbach (Allemagne) – 10 avril 1945

Le village a été pris la veille au soir, aussitôt l’infanterie accompagnée d’un peloton de TD s’y est installée.

La position est en pointe à l’Ouest, les bois restent menaçants, qu’importe l’ennemi n’est-il pas en déroute, et les marsouins n’ont peur de rien.

Le capitaine V…. Officier de Renseignements du régiment arrive en Jeep pour rendre compte de la situation, mais l’avance est si rapide que très souvent la portée des appareils radio devient insuffisante. Pour se faire entendre, le capitaine V… se dirige vers la crête à l’Ouest du village. A peine est-il en place penché sur son micro et lançant des appels, qu’à la lisière des bois retentit le bruit saccadé d’une mitrailleuse de 20. Atteint d’une balle explosive en plein crâne, il s'écroule et déjà le bruit de sa mort se répand parmi les hommes du peloton qui, dans le village, attendent la prochaine attaque.

« Impossible de ramener son corps » déclarent les hommes, « C’est trop chaud à la crête » Le Lieutenant R… n’hésite pas : « Moteurs en route », joyeux et fiers les équipages s’élancent vers leurs chars que l’on voit bientôt se déployer en bataille à la crête. En quelques obus explosifs, l’adjudant L… fait taire la mitrailleuse, mais à l’extrême droite le TD du sergent V… n’arrête pas de tirer ; on saura plus tard qu’il a repéré une batterie anti-aérienne et s’emploie activement à la détruire. Profitant du feu, un groupe d’infanterie progresse. Il est maintenant possible de relever le corps du Capitaine V… bientôt ramené au village ou l’Aumônier du régiment arrive en hâte.

J’ai vu ce jeune officier, tomber au printemps de sa vie par un clair matin. Son visage diaphane était empreint de la noblesse du sacrifice suprême, mais sur ses traits détendus, outre cette paix immense du devoir accompli, j’ai cru voir en plus, la fierté de savoir que les vivants restaient dignes des morts, et pour cette décision spontanée d’engager le combat pour ramener sa dépouille – éclatante preuve de la solidarité de combat des coloniaux – ses lèvres entrouvertes pour un dernier sourire semblaient dire merci

Signé : Lizambard.
(Capitaine commandant le 4ème Escadron)