Cimetière de Saint Louis

[CANCE Raymond]

Cimetière de Saint Louis   (Près de la frontière Suisse)

Le 13 décembre 1944 au cimetière de Saint Louis, nous assistons à l’enterrement de nos trois camarades tués le 10 décembre à Loechlé : Marcel Vidal, un gentil Corrézien qui avait fait le Sénégal et devait partir le jour même en permission, Jean Watrin, séminariste de Nancy, Evadé de France par l’Espagne, déjà blessé le 14 octobre à Goux et André Entresangle qui s’est engagé en France, le souvenir de leur voix et leur allure sont restés dans ma mémoire
  Devant les 3 cercueils posés devant les 3 fosses, notre Aumônier  le Père Blanc Gérard de Milleville assisté des 2 séminaristes René Schang et Marcel Rose  évadés avec Watrin, dit l’office des morts. « Oh Dieu reçois nos camarades morts... Donne-leur le repos du Paradis »
 Après les prières c’est le chant de  l’Au revoir

1 Frères que Dieu nous a donné
   Et qu’il nous a repris
   Frères que Dieu nous a donné
   Nous vous restons unis                                      Ce n’est qu’un au revoir mes frères
                                                                                  Ce n’est qu’un au revoir
                                                                                   Bientôt dans la maison du Père
                                                                                   Nous allons nous revoir.
2 A ceux qui nous ont précédés
   Dans la maison des Cieux
   A ceux qui nous ont précédés
   Ne faisons point d’adieux
                                                                              Ce n’est qu’un Au revoir………..

  Après avoir dit quelques mots sur chacun de nos camarades disparus, et avant la mise en terre le Capitaine Maurel nous lit une lettre de madame PIOT, la mère d’Henri  PIOT, notre ami tué à La Valette le 23 aout et qui dit : Monsieur  l’Officier je sais que mon fils est avec vous. Il a quitté la maison à 16 ans, en passant par l’Espagne, il s’est engagé sans notre permission, il est trop jeune, je vous prie de me le renvoyer  etc...>>
 Après un moment de silence le Capitaine nous dit :Que dois-je répondre à cette pauvre mère ? S’il y en a d’autres dans ce cas qu’ils viennent me voir, je ne veux plus recevoir de  lettre  de ce genre!>>
  Je reste un moment avec l’Aumônier pendant qu’on recouvre les tombes et je lui dis en montrant les cercueils de VIDAL et de WATRIN  Mon Père ces  deux  cercueils sont vides ! >>  Il me répond
J’ai  mis dedans un peu de cendre que j’ai recueilli à l’endroit supposé de chacun, parce que s’il n’y a pas de tombe, avec un nom sur une croix, ils auront disparus à jamais ! >>
Plus tard quand une famille réclamera le corps, d’un camarade qui a péri brulé dans son char en pareil cas, il lui était répondu : « Intransportable »

Raymond CANCE     TD  « IFERT »  3ème Escadron  du R.C.C.C

[CANCE Raymond]

 Après la guerre, les tombes des cimetières civils ont été regroupé à la Nécropole Nationale de SIGOLSHEIM  68 710
Raymond CANCE

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Après la guerre, les tombes des cimetières civils ont été regroupées à la Nécropole Nationale de SIGOLSHEIM  68 710