Ecole des Cadres de Rouffach

  Le 21 février 1945 c’est sur le « TAZA II » que je monte à Lingolsheim près de Strasbourg. Je suis affecté sur ce char du 3éme Peloton comme tireur, à la place du Caporal-chef Brun Adrien qui remplace comme Chef de char, le Sergent-chef Aubry passé adjoint au chef de Peloton ; mais je ne vais  rester que quelques jours avec cet équipage.

  J’attends  impatiemment mon tour de permission, mais je n’irai pas en permission ; avec des Sous-officiers de l’escadron je dois rejoindre  l’Ecole des Cadres de la 1ere Armée à Rouffach.

  Je ne raconterai pas ce stage qui ne m’a pas laissé de bons souvenirs, ni de bonnes notes, car l’officier qui nous commandait, était un Lieutenant fanfaron et vantard (le contraire du Lieutenant Roussel) qui a bien senti que je n’étais pas dupe de ses exploits, et qui me l’a bien fait payer par ses notes.

  A l’issue du stage, le Sergent-chef Charrel ,  le Sergent-chef  Mathis et le Sergent Percot sortent avec le grade supérieur. A mon retour à Lingolsheim, avec un jour de retard, je suis averti que le Lieutenant Roussel me réclame depuis la veille, je devais être de garde au Colonel et j’ai été remplacé, lorsque je me présente au Lieutenant, sans rien me dire, il me conduit au PC du Capitaine Maurel, j’étais un peu inquiet en pensant à mon retard.

Je me présente au Capitaine, il me laisse au garde-à-vous, et d’un ton visiblement contrarié  me lit  une annotation de l’Ecole des Cadres de Rouffach, me concernant qui stipule :

« Incapable d’assurer les fonctions de son grade »
Il me demande de me justifier ! Je suis toujours au garde-à-vous, je ne sais que dire au Capitaine…  je ne pense pas avoir rien fait qui mérite cela…je ne suis que Caporal…Le Lieutenant qui nous commandait n’était pas sympathique…>>
  Le Lieutenant Roussel prend ma défense, pense qu’il y a erreur et lorsque le Capitaine lui demande:
- Vous croyez qu’il est capable ?
Le Lieutenant lui répond:
- Pour moi, oui, mais posez lui la question ?
Le Capitaine me dit:
-Te sens tu capable de commander un char ?
Je regarde le Lieutenant qui me fait signe d’acquiescer.
-Je vous remercie mon Lieutenant de me faire confiance,
mon Capitaine, je continuerai à faire ce que j’ai fait jusqu’ici et
je le ferai encore mieux puisque je n’aurai plus à charger le canon.
-je sais, je sais, tu prends le « RAPHSAÏL »  qui est au bout de la rue, nous partons très vite.

Caporal  CANCE  Raymond  Chef de char
   En rejoignant mon nouveau char je pense que sans la compréhension du Lieutenant Roussel, si le Capitaine Maurel avait pris au sérieux cette stupide note de Rouffach, il ne m’aurait pas mis à la place d’un Sergent, peut-être même remis 2eme classe. Je me demande dans quel état d’esprit et avec quel moral j’aurais poursuivi le combat. Au contraire bien qu’étant le plus jeune, je suis bien accueilli sur le « RAPHSAÏL » par Maurice Lafontaine le tireur, Victor Nan le pilote, (anciens d’AOF, tous les deux cités le 22  janvier sur le « RAPHSAÏL » le chargeur Pierre Bernard futur notaire à Lyon,(3 fois cité au Groupe de protection du 3éme Peloton) et le radio Jean Mossé, un évadé de France par l’Espagne, comme moi.
Nous  allons faire très vite un bon équipage.
                                  
Le char «RAPHSAÏL» rue des Maçons à LINGOLSHEIM 

Raymond CANCE     Victor NAN     Maurice LAFONTAINE
                                                               ROBERTO    Asp. ROBERT   MACARTI


         L’Aspirant ROBERT était le chef de char du TD « IFERT » à TOULON
                           ROBERTO est le chargeur et MACARTI le pilote du « TAZA II»

Le  Tank Destroyer « RAPHSAÏL» accidenté en Corse, voir mon récit : D’Ajaccio à Toulon